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(Le texte suivant a été copié du Profil d'une oeuvre ; La Peste pp.10-16)
Découverte du fléau
Un narrateur, dont l'identité ne sera dévoilée qu'à la fin du roman, annonce qu'il va proposer une « chronique » sur certains événements survenus à Oran, vers 1940.
La mort du concierge (du 16 au 30 avril)
Le matin du 16 avril, le docteur Rieux trouve un rat mort dans l'escalier de son immeuble, ce dont il prévient le concierge. Il se montre très préoccupé par la santé de sa femme qui doit partir se soigner en montagne.
Diverses démarches amènent Rieux à rencontrer successivement les personnages de l'action : le juge Othon, le journaliste Rambert venu de Paris pour une enquête, un jeune homme nommé Tarrou arrivé depuis peu à Oran, un employé de mairie, Grand, qu'il a soigné autrefois, le voisin de ce dernier, Cottard, qui a tenté de se suicider, et le père Paneloux, un jésuite particulièrement érudit. Cette séquence joue ainsi un rôle d'un chapitre d'exposition où tous les personnages du récit sont présentés. Les découvertes de rats morts se multiplient et le concierge, atteint d'une curieuse maladie, meurt le 30 avril.
Le narrateur fait état des notes que Tarrou a consignées dans des carnets à propos de l'épisode des rats : Tarrou y évoque les réactions d'un petit vieux « qui crache sur les chats », ainsi que celles du veilleur de nuit et du directeur de l'hôtel dans lequel il loge.
L'identification de la peste (« le lendemain de la mort du concierge », 30 avril et mai)
On dénombre dix puis vingt cas de fièvre mortelle non identifiée. Le docteur Rieux assiste à l'enquête sur la tentative de suicide de Cottard et converse avec Grand, qui évoque son « travail personnel » : on devinera bientôt que Grand passe ses soirées à tenter d'écrire un livre ; puis il parle avec Cottard qui semble craindre la police. La fièvre fait de plus en plus de victimes et le vieux docteur Castel invite son jeune confrère, Rieux, à identifier ce mal mystérieux : c'est la peste.
Après un échange de vues entre médecins, Rieux tente de convaincre le préfet - qui souhaite ne pas inquiéter la population en parlant de peste - de la nécessité de prendre les mesures sanitaires indispensables.
La fermeture de la ville (mai)
Des affiches proposant les mesures contre « une fièvre pernicieuse » apparaissent de façon discrète dans la ville. Cottard semble avoir quelque chose à se reprocher. Le nombre de morts augmente chaque jour. Le préfet prend des mesures complémentaires en attendant les ordres. Une dépêche officielle arrive : « Fermez la ville. »
(cf. voir Oran et les Oranais)
(cf. voir De l'invasion des rats à la déclaration de l'état de siège)
Les effets de la peste
Les changements à Oran (mai)
La fermeture de la ville fait de la peste « l'affaire de tous ». Le narrateur décrit en particulier les souffrances de ceux qui se trouvent désormais séparés de leurs proches : il leur est interdit de correspondre (en raison des risques de contagion) et de téléphoner (afin que les lignes puissent êtres réservées aux seuls cas urgents). Le narrateur évoque alors chez les amants « séparés » la découverte de la jalousie, de la solitude, du sentiment de l'exil.
Les Oranais sont contraints de transformer leurs habitudes à cause du rationnement et des restrictions à la circulation. Cottard semble se réjouir de la situation. Grand raconte à Rieux l'histoire de son mariage qui, heureux début, s'est terminé par le départ de son épouse Jeanne. Rambert explique à Rieux qu'il fait des démarches pour quitter la ville et lui demande de l'aider en lui délivrant un certificat. Rieux le lui refuse et Rambert lui reproche de préférer une « abstraction » (le respect des règles sanitaires) au bonheur d'un individu. Rieux, laissé seul, songe que cette « abstraction », dont parle le journaliste, consiste en toute une série de souffrances concrètes auxquelles, harassé lui-même, il doit faire face.
(cf. voir L'exil et la séparation)
(cf. voir Bonheur et abstraction)
Le prêche du père Paneloux
On constate une recrudescence de l'épidémie. Le père Paneloux prononce un prêche : il y explique que Dieu a laissé le fléau s'abattre sur les Oranais pour leur faire prendre conscience de la tiédeur de leur croyance et de la nécessité de revenir à « l'essentiel », c'est-à-dire à la foi.
Grand explique à Rieux qu'il écrit un roman dont il veut qu'il soit parfait et il lui en lit la première phrase, cent fois recommencée. Rambert effectue de nombreuses démarches pour quitter la ville.
(cf. voir Le premier prêche du père Paneloux)
L'engagement des divers personnages dans la lutte (juin-juillet)
L'été s'installe et la peste est de plus en plus redoutable. Tarrou observe le « petit vieux aux chats », s'intéresse à la vie d'un vieil asthmatique qui transvase des petits pois d'une marmite dans une autre, pour mesurer le temps. Il propose à Rieux de l'aider à soigner les malades en organisant, en dehors de l'administration, des équipes de soin qu'il appelle « formations sanitaires volontaires ». C'est l'occasion pour lui d'interroger le docteur sur ce à quoi il croit et sur ce qui fonde son action.
Le docteur Castel cherche à créer un nouveau sérum. Grand assure désormais le secrétariat des formations sanitaires. Chaque soir, avant de retourner à son travail d'écriture romanesque, il commente longuement avec Rieux les diverses formulations auxquelles il songe pour sa première phrase. Grand témoigne ainsi, dans une grande simplicité, d'une réelle bonté jointe à la poursuite d'un idéal (si humble soit-il) : c'est ce qui fait dire au narrateur que s'il faut un héros dans son récit, ce sera Grand.
(cf. voir Les différentes positions adoptées face à la peste)
(cf. voir Le véritable héroïsme - Grand, un héros ?)
Nouvelles démarches de Rambert
Ayant épuisé les moyens légaux, Rambert cherche d'autres moyens pour sortir de la ville. Il s'adresse à Cottard qui est en relation avec des contrebandiers. Les rendez-vous successifs de Rambert prennent des jours et des jours. Le dernier rendez-vous étant manqué, « tout est à recommencer », formule qui, selon Rambert, définit bien la peste.
Au cours du récit de toutes ces démarches, le narrateur évoque des propos de Cottard ; celui-ci explique clairement qu'il était poursuivi par la police avant la peste, et qu'il refuse de lutter contre le fléau qui sert ses intérêts, puisque les autorités n'ont plus le temps de s'occuper de lui. Paneloux s'est joint aux combattants de la peste. Deux conversations animées entre Rambert, Rieux et Tarrou amènent finalement le journaliste, qui a fermement défendu son point de vue, à proposer d'aider ceux qui luttent contre la peste, en attendant le succès de ses propres démarches.
(cf. voir Les différentes positions adoptées face à la peste)
Situation au sommet de l'été et de la maladie (« au milieu du mois d'août »)
Le vent souffle ; la peste a tout recouvert et gagne même le centre de la ville où on isole certains quartiers. Elle atteint la prison. On assiste à des scènes de violence, de pillage et d'incendie et le couvre-feu est institué. Les enterrements, de plus en plus nombreux, se déroulent selon un cérémonial de plus en plus rapide, jusqu'à ce que, faute de cercueils, on transporte les monceaux de corps dans des ambulances, puis dans des tramways, pour les jeter dans deux fosses communes (une par sexe) puis dans une seule avant qu'on ne décide de les brûler dans des fours crématoires. Quant aux « séparés » (ceux que la peste a « séparés » d'un être cher qui se trouve hors de la ville d'Oran), ils perdent la force des souvenirs précis, n'éprouvent « plus de grands sentiments » : ils rentrent « dans l'ordre même de la peste ».
(cf. voir Le sommet de la maladie)
(cf. voir L'épuisement des équipes)
L'installation dans la peste
Le revirement de Rambert (septembre - octobre)
Les combattants de la peste ressentent maintenant une grande fatigue qui se manifeste sous des formes diverses chez Rieux, Rambert, Grand, Tarrou, Castel. L'état de la femme de Rieux s'aggrave et celui-ci, sous l'effet de l'épuisement, confie à Grand ses soucis au sujet de son épouse. Castel a mis au point son sérum qu'il va essayer sur le fils du juge Othon, tombé malade. Seul Cottard - note Tarrou dans ses carnets - se sent bien. A l'Opéra, un acteur qui joue le rôle d'Orphée (comme chaque semaine depuis la fermeture de la ville) vacille tout à coup sur scène et meurt en plein spectactle.
Rambert continue ses démarches et Rieux, à qui le juge Othon a parlé des relations louches du journaliste, lui conseille de partir le plus vite : Rambert se prépare à quitter la ville. Quand le jour est enfin fixé et que tout semble prêt, Rambert va voir Rieux et lui annonce qu'il reste, pour l'aider.
(cf. voir L'épuisement des équipes)
(cf. voir Orphée et Eurydice, comme mise en abyme et illustration d'un mode de vie absurdement répétitif)
(cf. voir La solidarité de Rambert)
Mort du fils du juge Othon (derniers jours d'octobre)
Le fils de M. Othon est tombé malade. Rieux diagnostique la peste. La famille Othon accepte dignement la mise en quarantaine et la séparation qui sont imposées à tous. Rieux, jugeant le cas de l'enfant désespéré, essaire le sérum qui vient d'être mis au point par Castel. Rieux, Castel et Tarrou, puis Paneloux et Grand assistent impuissants à l'agonie, puis à la mort de l'enfant, que le sérum aura simplement retardée. Rieux, dans un dialogue avec le père Paneloux, proteste avec colère contre « cette création où des enfants sont torturés ».
(cf. voir La mort du fils Othon)
(cf. voir Les camps d'isolement)
Deuxième prêche et mort de Paneloux (novembre)
Le père Paneloux prononce un deuxième prêche, tout différent du premier : ses propos sont influencés par la mort du jeune Othon et par une inquiétude personnelle. Puis il tombe malade, refuse l'assistance d'un médecin et meurt d'une affection qui ne correspond pas vraiment à la peste. On inscrit sur sa fiche : « cas douteux ».
Nous sommes en novembre. La maladie semble maintenant stabilisée, peut-être grâce au sérum de Castel. Elle a atteint un « palier », comme le dit le docteur Richard, qui meurt peu après. Les difficultés de ravitaillement accroissent la spéculation, ce dont pâtissent les pauvres.
(cf. voir Le second prêche du père Paneloux)
cf. voir Paneloux, « un cas douteux »)
Le récit de Tarrou à Rieux (à la fin de novembre)
Un soir, Tarrou se confie à Rieux pour la première fois : il évoque son père, avocat général, sa découverte, lors d'un procès, de l'horreur d'une condamnation à mort - prononcée par son père -, son départ au milieu familial, sa lutte politique en Europe (au cours de laquelle il découvre que son propre camp prononce des condamnations à mort) ; il explique sa décision de ne plus participer à ce qui fait mourir ou justifie qu'on fasse mourir, sa résolution de se ranger du côté des victimes. Suit alors un moment d'amitié et de paix : Rieux et Tarrou s'en vont prendre, en silence, un bain de mer hors de l'enceinte de la peste.
(cf. voir La confession de Tarrou)
(cf. voir Le bain de mer)
La maladie de Grand (fin décembre)
Rieux reçoit la visite du juge Othon chez qui il perçoit des changements. Le juge lui exprime son désir de participer à la lutte contre le fléau pour se sentir moins séparé de son fils. Le jour de Noël, Rieux rencontre Grand qui pleure devant une vitrine ; il sympathise avec lui parce qu'il sait qu'il songe à sa femme ; dans les moments qui suivent, Grand tombe à terre, frappé par la peste. On le croit condamné ; il supplie qu'on brûle son manuscrit ; ce qui est fait. Tarrou le veille. Or, le lendemain, Grand est guéri. D'autres cas de guérison apparaissent : la peste recule.
La fin de la peste et la libération
Le froid s'installe. La peste fait moins de victimes : le sérum de Castel devient plus efficace, même s'il meurt toujours des malades, comme le juge Othon. Des sourires réapparaissent. Le 25 janvier, la préfecture annonce une ouverture prochaine des portes : la population manifeste sa joie dans les rues, cependant que certaines familles pleurent un mort ou attendent une guérison et souffrent de ne pas pouvoir prendre part à l'allégresse générale.
La mort de Tarrou (fin janvier)
Cottard manifeste des signes d'inquiétude devant le recul de la peste. Deux jours après la déclaration préfectorale, au moment où il rentre chez lui, il trouve deux hommes qui l'y attendent : il s'enfuit.
Rieux attend des nouvelles de sa femme ; il espère pouvoir « recommencer » sa vie avec elle après la peste. C'est alors que Tarrou tombe malade ; Rieux décide de le soigner chez lui avec l'aide de sa mère. Tarrou lutte toute la nuit et meurt le lendemain. Au matin du jour suivant, Rieux apprend la nouvelle de la mort de sa femme.
L'ouverture des portes (début février)
Les portes de la ville sont rouvertes. Les trains amènent ou emportent les « séparés » qui vont retrouver l'être aimé. La ville est en fête. Rieux gagne les faubourgs en méditant sur le bonheur que certains viennent de retrouver et dont d'autres sont exclus.
Le narrateur relève finalement son identité : Rieux est l'auteur de la chronique. Dans la rue, un fou tire sur les passants : c'est Cottard que la police maîtrise et maltraite. Grand annonce au docteur qu'il a écrit à sa femme, et qu'il a recommencé sa phrase. Rieux décide de rédiger le récit de cette peste pour « témoigner ».
(cf. voir L'ouverture des portes)
(cf. voir Après la peste)
(cf. voir Un récit allégorique)