Oran et les Oranais

La Peste oeuvre sur une présentation du cadre spatio-temporel. Ainsi, dès les premières lignes, le lecteur sait que l'intrigue joue dans les années 1940 à Oran, « une ville ordinaire et rien de plus qu'une préfecture française de la côte algérienne ». De par sa laideur et sa tranquillité, cette cité ressemble à « tant d'autres villes commerçantes, sous toutes les latitudes ». (p.11) Or, après un certain temps, l'on se rend compte que sa différence réside dans ce que c'est « une ville sans pigeons, sans arbres et sans jardins ». (p.11) Ainsi, Oran est un lieu neutre. Dès lors, Oran a une valeur symbolique car la description de la ville pourrait être représentative de bien des villes.

Le narrateur poursuit et creuse la présentation d'Oran en insistant sur le comportement des Oranais. En effet, il estime « qu'une manière commode de faire la connaissance d'une ville est de chercher comment on y travaille, comment on y aime et comment on y meurt ». (pp.11-12) La vie des Oranais est dominée par les habitudes. Le travail occupe la majeure partie de leur vie. Une routine mécanique dont le moteur est l'appât du gain et un ennui pesant déterminant donc la vie des Oranais. Les habitants sont attirés par le matérialisme et ne se préoccupent pas du sens de la vie. Cette routine est rassurante: « on passe ses journées sans difficultés aussitôt qu'on a des habitudes ». (p.13) Or, le lecteur pressent que cette indifférence routinière sera bouleversée: « on peut dire que ». (p.13) Le «nous» renvoie au narrateur, aux Oranais, mais aussi au lecteur qui doit prendre conscience de sa propre condition. A Oran, les hommes restent aveugles, prisonniers des habitudes qui les enchaînent. Il n'y a pas d'inquiétude, pas de remise en question.

L'amour tient également une place fixe dans la vie des Oranais qui généralement soit « se dévorent rapidement dans ce qu'on appelle l'acte d'amour», soit «s'engagent dans une longue habitude à deux ». (pp.12-13) Camus ajoute que cela n'est guère propre à la cité d'Oran, mais est communément la place que l'amour occupe dans la vie des Hommes.

Ce qui, par contre, est plus particulier à Oran, c'est « la difficulté qu'on peut y trouver à mourir ». (p.13) Dans cet endroit, où le climat est dur à supporter et où la vie des Hommes est dominée par les affaires, les malades et les moribonds n'y trouvent pas leur place et ne se sentent donc pas à l'aise dans ce lieu sec.

(cf. voir En quoi la description de la ville d'Oran dans le chapitre d'exposition illustre-t-elle l'homme avant la prise de conscience de l'absurde?)


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