Le premier prêche du père Paneloux

A la fin du premier mois de peste, les autorités ecclésiastiques ont organisé une semaine de prières collectives. C'est leur façon de lutter contre la peste qui connaît une recrudescence marquée. A l'occasion de la messe de clôture, le père Paneloux prend la parole. Son auditoire est nombreux, non pas que les Oranais soient tellement religieux ou que l'épidémie les ait changés, mais ils n'ont rien d'autre à faire.

« Mes frères, vous êtes dans le malheur, mes frères, vous l'avez mérité. » (p.101) Voilà la phrase par laquelle le père Paneloux entame son discours. Elle anonce le thème de tout son discours: d'après lui, la peste est un fléau envoyé par Dieu pour punir les Oranais. Les pluies diluviennes qui tombent au moment même de son prêche nous renvoient au déluge biblique et confirment le père Paneloux dans ses dires: les Oranais se sont trop longtemps détournés de Dieu et ont abusé de la miséricorde divine. Voilà pourquoi ils sont à présent confrontés aux «ténèbres de la peste».

Le père Paneloux parle de l'ange de la peste qui vole au-dessus des toits, la main droite portant l'épieu rouge à hauteur de sa tête, la main gauche désignant l'une des maisons. Ainsi, le père Paneloux continue en expliquant que l'ange de la peste leur indique le chemin du salut: « Et le chemin du salut, c'est un épieu rouge qui vous le montre et vous y pousse. C'est ici, mes frères, que se manifeste enfin la miséricorde divine qui a mis en toute chose le bien et le mal, la colère et la pitié, la peste et le salut. Ce fléau même qui vous meurtrit, il vous élève et vous montre la voie. » (p.105) Une fois que Paneloux a fini, la pluie cesse.

Les réactions du prêche du père Paneloux sont très diverses. De façon tout à fait générale, l'on peut dire qu'il y a une atmosphère de panique naissante. Il y en a, tels le juge Othon ou le vieil asthmatique qui partagent entièrement le point de vue du père Paneloux. « Mais tout le monde n'[a] pas d'opinion aussi catégorique. Simplement, le prêche ren[d] plus sensible à certains l'idée, vague jusque-là qu'ils [so]nt condamnés, pour un crime inconnu, à un emprisonnement inimaginable. Et alors que les uns continu[ent] leur petite vie et s'adapt[ent] à la claustration, pour d'autres, au contraire, leur seule idée [es]t dès lors de s'évader de cette prison. » (p.107)

La portée du prêche du père Paneloux reste donc limitée: la grande majorité des Oranais qui, avant l'épidémie, vivaient une vie dominée par le travail et l'appât du gain, goûtent désormais plus aux divers plaisirs qu'ils ne s'engagent dans la voie du salut comme le père Paneloux le leur a dit dans son prêche.

(cf. voir Le second prêche du père Paneloux)

(cf. voir comparaison des deux prêches)

(cf. voir Deux conceptions radicalement opposées: opposition Rieux - Paneloux)

(cf. voir Paneloux, «un cas douteux»)


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