Le personnage de Rieux, un homme d'action ?
Le docteur Bernard Rieux est un des personnages-clés de La Peste, oeuvre d'Albert Camus. En effet, c'est lui le narrateur anonyme de la chronique décrivant une épidémie de peste dans la ville d'Oran en Algérie.
Le docteur Rieux est un fils d'ouvrier d'une trentaine d'années devenu un médecin apprécié par les Oranais et qui vit selon le principe que « l'essentiel [est] de bien faire son métier ». Dès le début de la chronique, le lecteur voit ce personnage en action et son rôle se concrétise rapidement. C'est par son intermédiaire que nous sont présentés presque tous les personnages de la chronique et cela lui confère un rôle important et à part. En outre, grâce à son métier de médecin, le lecteur peut observer son engagement inconditionnel pour ses malades, suivre son combat contre la peste et ainsi prendre conscience des conséquences désastreuses de ce fléau.
Aussi, nous pourrions nous demander si le rôle de Rieux se limite à celui de narrateur ou s'il représente un homme d'action nécessaire dans le combat contre la peste?
Par la suite, nous allons tout d'abord étudier le rôle de narrateur-chroniqueur joué par le docteur Bernard Rieux pour ensuite nous intéresser à son métier de médecin engagé dans la lutte contre la peste avant de finalement analyser sa prise de conscience de la gravité du fléau.
Rieux rencontre la plupart des personnages de la chronique
C'est par son intermédiaire que nous sont présentés presque tous les personnages de la chronique sauf sa femme et sa mère qui font partie de sa famille.
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Il soigne ou il a soigné en tant que médecin un grand nombre des personnages présentés:
- M. Michel, le concierge, dès qu'il présente les premiers signes de la peste et Rieux va le voir régulièrement
- Tarrou qui habite son immeuble
- Grand qui a été soigné autrefois par Rieux (p.26) car il souffrait d'un rétrécissement de l'aorte (soigné gratuitement), Grand se souvient donc de Rieux et l'appelle après qu'il a décroché Cottard à qui il a sauvé la vie
- Rieux va voir Cottard à plusieurs reprises après sa tentative de suicide
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Rieux fait des visites régulières et s'intéresse à ses patients:
- Le vieil asthmatique: visites régulières et conversations
- Rambert: discussions sur le journalisme
- Grand: conversations sur Cottard et sur ce qui préoccupe Grand, à savoir le mot « juste »
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Conclusion: amitié naissante entre Grand et Rieux, ce dernier est aimable, poli, prévenant et honnête
L'importance de Rieux n'est pas seulement à limiter au fait que c'est par son intermédiaire que le lecteur fait la connaissance des autres personnages et que la plupart des personnages sont ainsi présentés en situation.
En effet, Rieux est un médecin qui s'engage. Il est un des premiers à s'inquiéter de l'apparition des rats morts et c'est grâce à lui que certaines mesures nécessaires sont prises dans le combat contre la peste.
Rieux, un médecin engagé
Médecin engagé et solidaire:
- Sa femme est partie faire une cure (il fait ce qui est nécessaire à ce stade de sa maladie) Reproche: il aurait dû veiller sur elle, or il était probablement trop occupé par les malades d'Oran, qu'il a probablement négligé sa vie privée (« Nous recommencerons », p.19) Il l'a probablement réalisé au moment du départ de sa femme (cf. 2e partie: « Il a travaillé pour le bien public et il a négligé la poursuite du bonheur personnel »)
- Il soigne les malades pauvres gratuitement, il refuse l'injustice.
- Il va voir Cottard à plusieurs reprises et il est décidé à écrire le rapport au commissaire. Cela montre qu'il est conscieux (conscience morale) et qu'il veut aider Cottard par sa présence et par des mots apaisants afin qu'il ne s'inquiète pas (visite obligatoire du commissaire). Il interroge Grand sur l'état de Cottard.
Ceci montre que Rieux est engagé et qu'il ne se ménage pas. La solidarité lui est très important. De plus, il refuse l'injustice et il essaie d'aider les Oranais. Rieux sait qu'il ne pourra pas arrêter toutes les injustices du monde (l'absurde), mais il essaie de faire ce qu'il peut pour soulager la souffrance des malades (la révolte).
Rieux est un des premiers à s'engager:
- Par l'apparition et la multiplication des rats morts (p.22: téléphone au service de dératisation pour qu'il intervienne)
- Téléphone à Richard pour l'interroger sur la fièvre et lors d'un autre appel, il demande l'isolement de nouveaux malades (p.32)
- Téléphone au dépôt de produits pharmaceutiques, se pose la question s'ils disposent de sérums en quantité suffisante (p.42) ; il va même au laboratoire (p.50)
- Discussions régulières avec le Dr Castel sur les symptômes, sur les sérums qui n'arrivent pas, sur la question s'ils seront efficaces et sur le nombre de lits insuffisant. A travers le dialogue avec le Dr Castel, il prend conscience qu'il s'agit effectivement de la peste: « il semble bien que ce soit la peste ». Le Dr Castel a la même conviction que Rieux, mais il est beaucoup plus âgé et il se retire dans ses lectures et réflexions. (pp.43-44, 64, 68-69)
Rieux agit sur le terrain et essaie de lutter de façon concrète contre le fléau.
Au cours de la première partie, les réflexions de Rieux montrent ses hésitations, mais avant tout sa lucidité, son engagement ainsi que sa persévérance.
Prise de conscience de Rieux
Hésitations et résolutions de Rieux:
- Hésitation de Rieux: le fléau est irréel étant donné que la vie de tous les jours continue, personne en peut encore croire aux conséquences désastreuses (dangers) que va amener la peste. Rieux se rappelle les grandes pestes de l'histoire et les statistiques, il se perd dans ses pensées et dans son imagination, puis il essaye de se tenir à ce que l'on sait sur ce qui se passe à Oran. Finalement, il refuse de se perdre dans son imagination et ses pensées et il décide d'agir, de prendre les mesures nécessaires et de « bien faire son métier » (valeur symbolique de la fenêtre à expliquer éventuellement) (pp.45-49)
A ce stade, il est convaincu qu'ils pourront arrêter la peste.
Bien faire son métier:
- Convocation d'une commission sanitaire (« Ce n'est pas une question de vocabulaire, c'est une question de temps. ») (p.56)
- Réactions de Rieux aux mesures prises: il est évident pour lui que « les mesures arrêtés [étaient] insuffisantes » et il téléphone d'abord à Richard puis au préfet (et il écrit un rapport pour faire avancer les choses). Son engagement et ses initiatives ainsi que les chiffres qui augmentent provoquent finalement la fermeture de la ville et des mesures plus sévères.
Rieux refuse les concessions.
Lucidité:
- Il continue à aller voir les malades, or, à un moment donné, il vit les dimensions que prend l'épidémie et il commence à avoir peur. Même les malades ont compris qu'il ne pourra plus les guérir et « pour la première fois le docteur les sentait réticents ». (p.67) Il comprend qu'il ne pourra plus guère guérir un malade souffrant de la peste, il ne pourra que l'accompagner dans sa douleur et veillrer à ce que les mesures instaurées soient respectées. (*Remarque: ce point sera développé à la fin de II.2.)
En guise de conclusion, nous pouvons affirmer que Rieux est un homme d'action dépeint de façon absolument réaliste par Camus. En effet, son rôle de narrateur le rend observateur et témoin des événements à Oran. De plus, en tant que médecin engagé, il se trouve constamment dans une situation de lutte contre la maladie ce qui fait de lui un homme de terrain. Finalement, nous avons vu que grâce à ses observations et réflexions qu'il nous livre, il arrive à prendre conscience de la gravité du fléau afin d'agir en insistant auprès des autorités pour que les mesures adéquates soient mises en place. Malgré les hésitations et la peur qu'il éprouve à certains moments, Rieux n'abandonne pas, il lutte contre le fléau en se révoltant, en agissant avec tous les moyens qu'il a à sa disposition contre la situation absurde dans laquelle il se trouve. Sa philosophie s'oppose dans cette partie à celle des Oranais qui cherchent encore à maintenir leurs habitudes et à continuer le train-train de tous les jours refusant, tout comme l'administration, l'évidence.
(cf. voir Pour Bernard Rieux, « l'essentiel est de bien faire son métier ».)
(cf. voir Bonheur et abstraction)
(cf. voir Les différentes positions adoptées face à la peste)