Tarrou est un de ces malchenceux de la peste, ceux qu'elle tue en plein espoir.
Rieux lui injecte le sérum et, suite à la demande de sa mère, il décide de le soigner chez lui. Ils veillent Tarrou et assistent ainsi à son « dur combat avec l'ange de la peste. » (p.287) Rieux est absolument impuissant ; il ne peut que regarder lutter son ami contre la peste: « Une fois de plus, elle s'appliquait à dérouter les stratégies dressées contre elle, elle apparaissait aux lieux où l'on ne l'attendait pas pour disparaître de ceux où elle semblait déjà installée. Une fois de plus, elle s'appliquait à étonner. » (p.287)
« Le docteur, pour la première fois, reconnut que cette nuit pleine de promeneurs tardifs et privés de timbres d'ambulances, était semblable à celles d'autrefois. C'était une nuit délivrée de la peste. Et il semblait que la maladie chassée par le froid, les lumières et la foule, se fût échappée des profondeurs obscures de la ville et réfugiée dans cette chambre chaude pour donner son ultime assaut au corps inerte de Tarrou. Le fléau ne brassait plus le ciel de la ville. Mais il sifflait doucement dans l'air lourd de la chambre. » (p.288) Aini Tarrou meurt, alors même que la ville commence à se redresser et Rieux ne peut qu'assister impuissant à sa disparition: « il ne pouvait rien contre ce naufrage. Il devait rester sur le rivage, les mains vides et le coeur tordu, sans armes et sans recours, une fois de plus, contre ce désastre. » (p.291)
L'ironie tragique de cette mort est qu'elle survient peu avant la délivrance de la ville et qu'elle offre de manière terrible ce que Tarrou recherchait si obstinément: la paix. « Le docteur ne savait pas si, pour finir, Tarrou avait retrouvé la paix, mais, dans ce moment tout au moins, il croyait savoir qu'il n'y a plus de paix possible pour lui-même, pas plus qu'il n'y a d'armistice pour la mère amputée de son fils ou pour l'homme qui ensevelit son ami. » (p.292)
Après la perte de cet ami si cher, Rieux apprend encore par télégramme la disparition de son épouse, morte huit jours plus tôt.
(cf. voir Tarrou ou la sainteté sans Dieu)
(cf. voir Comparaison de quatre agonies différentes)
(cf. voir Grand et Tarrou - analyse de deux agonies)