Synthèse des chapitres I à IV

Table des matières


Héros et antihéros

  • Zadig est le héros éponyme (jeune héros doué de toutes les qualités)
  • Il incarne l'oeil neuf / le naïf qui sert la satire voltairienne
  • A travers ses échecs et ses malheurs surgit la leçon du conte
  • Zadig en tant qu'antihéros: il ne rencontre pas la gloire et les récompenses, mais est sans cesse privé de ce qu'il mérite. Le bonheur recherché par le héros semble toujours difficile et hors d'atteinte

Interprétation de ce traitement antihéroïque du personnage principal engagé dans la recherche / quête du bonheur

Voltaire s'interroge sur la destinée (puissance souveraine considérée comme réglant d'avance tout ce qui doit être) et ses aléas (événements imprévisibles, tours imprévisibles que peuvent prendre les événements, hasard), sur les causes éventuelles du mal et du malheur.
C'est pourquoi il met en scène un personnage aux prises avec les difficultés de l'existence, avec l'injustice des isntitutions humaines et les revers de fortune (accidents qui changent une situation en mal).
Zadig incarne à la fois le héros et l'antihéros. En effet, le lecteur a une certaine estime pour ce personnage vertueux qui ne parvient pourtant pas à triompher des circonstances. Cette ambivalence montre la difficulté de la quête du bonheur: il ne suffit pas d'être héros, d'être méritant pour être heureux. Certains éléments du destin nous échappent. Zadig propose donc une réflexion sur la fragilité du bonheur humain.

La question du bonheur, une question qui hante Voltaire

Peut-on être heureux sur Terre? Le mal est-il un obstacle fatal au bonheur?

  • « Zadig, avec de grandes richesses, et par conséquent avec des amis, ayant de la santé, une figure aimable, un esprit juste et modéré, un coeur sincère et noble, crut qu'il pouvait être heureux. » (Chapitre I)
  • « Qu'il est difficile d'être heureux dans cette vie! » (Chapitre III)
  • « Zadig voulut se consoler, par la philosophie et l'amitié, des maux que lui avait faits la fortune. » (Chapitre IV)
  • « A quoi tient le bonheur! Tout me persécute dans ce monde, jusqu'aux êtres qui n'existent pas. » (Chapitre IV)
  • « Zadig commençait à croire qu'il n'est pas si difficile d'être heureux. » (Chapitre IV)

A la fin du Chapitre IV, Zadig conclut qu'il n'est pas si difficile d'être heureux. Or le lecteur doit se demander ce qu'est la destinée de l'Homme s'il suffit de quelques événements fortuits et surtout de hasards ridicules et absurdes (perroquet!) pour marquer aussi considérablement la vie d'un Homme.
Les hasards les plus fantasques et la méchanceté des Hommes amènent les pires ennuis à un être vertueux, juste, raisonnable, mesuré et exempt de toute passion. Les nombreux hasards qui président à la destinée du protagoniste montrent-ils que l'Homme est incapable de diriger sa propre vie? Le destin sera alors une force supérieure qui s'acharne contre l'Homme. L'Homme reste impuissant face à cette force adverse / injuste qui punit le vertueux mais laisse intacte la fortune (aux deux sens!) du méchant.
Si tel est le cas, ne devrait-on pas accepter l'injustice du sort humain et s'adonner au fatalisme?

Le bonheur, une idée neuve

Selon la philosophie des Lumières, la nature de l'homme (l'ensemble des propriétés qui le définissent) lui donne le droit et parfois même le devoir de se rendre heureux et de contribuer au bonheur des autres hommes. Cette vue contraste avec celle des théologiens pour qui seul Dieu - sa Providence, sa Grâce - peut accorder le bonheur à l'homme.
C'est la question centrale dans Zadig: le héros du conte recherche le bonheur et cette recherche / quête du bonheur détermine les aventures.
Qui plus est, Zadig ou la Destinée traite des questions de la Providence: Est-ce que Dieu veut ou peut quelque chose sur nos vies? Peut-il permettre ou empêcher notre bonheur? Et s'il en décide, comment agir pour qu'il nous incline au bonheur et non pas au malheur?

Voltaire rejette la théorie de la Grâce, l'idée selon laquelle l'Homme est entièrement soumis à la volonté divine. Il refuse de croire qu l'Homme ne peut rien pour son bonheur, qu'il est élu ou non par la Providence divine. Voltaire défend l'idée que l'Homme peut trouver son bonheur sur cette terre, qu'il peut accomplir sa nature sur terre.
Ainsi, chez Voltaire, comme chez bon nombre de philosophes de son temps, il y eut une forte réhabilitation des passions, de la sensibilité, de la raison, du bon sens et de l'amour-propre. Zadig apprend à connaître sa propre nature pour faire usage de soi et travailler à son bonheur propre.


Le conte philosophique contre le discours religieux

Au XVIIIe siècle, les Lumières s'emparent des grandes questions métaphysiques jusque-là monopolisées par le discours religieux.
Dans l'optique de l'Eglise, le chrétien fait son chemin dans le monde ; il rencontre des épreuves qui mettent à l'épreuve sa foi. Ainsi, il prouve sa foi pour gagner le paradis et donc le bonheur hors de ce monde.
La philosophie s'intéresse au bonheur terrestre, au bonheur de l'homme qui veut accomplir sa nature ici-bas et non pas dans l'au-delà.
Il y a donc un changement radical des mentalités puisque Dieu n'est plus la seule finalité, la recherche du bonheur (terrestre) vient la substituer.


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