Albert Camus choisit un contexte d'épidémie pour exposer une réflexion sur la condition humaine. Expliquez !
Dans La Peste d'Albert Camus, publiée en 1947, il est question d'une ville nommée Oran, frappée par l'épidémie du même nom. La maladie qui y sévit peut être lue à trois niveaux, mais quelque soit la lecture qu'on en fait, le roman expose une réflexion sur la condition humaine.
Dans la suite, nous allons étudier ce thème de la condition humaine dans l'oeuvre de Camus.
Tout d'abord, nous avons la vie qui est dénouée de sens. Oran est une ville plutôt « ennuyeuse » et « ordinaire » au début. Les habitants que nous rencontrons ont adopté des habitudes qui leur permettent de ne pas reconnaître l'absurdité de la vie. Seul Rieux est un homme absurde lorsque le récit débute, car lui, il est conscient de cette absurdité et ne se voile pas la face. Ainsi, les Oranais travaillent beaucoup, ont toujours les mêmes loisirs et s'engagent à « de longues habitudes à deux ». Les habitudes persistent, mais sous une autre forme. Puisque les portes de la ville sont fermées, on montre sans cesse le même film au cinéma et chaque semaine, la même troupe joue la même pièce au théâtre. Ainsi, les habitudes présentent une certaine médiocrité d'une vie sans sens, ni perspective d'avenir. On peut alors dire qu'ils symbolisent une forme de mort.
Ensuite, nous avons également la souffrance qui fait partie de la condition humaine. La souffrance des personnages de La Peste est surtout représentée par la séparation due au fléau. En effet, Oran ferme ses portes et les Oranais se retrouvent séparés du reste du monde. On peut dire que c'est une forme d'emprisonnement et le lecteur comprend par analogie que l'Homme est prisonnier de sa condition humaine. Puis, on sépare également les habitants en bonne santé des malades de la peste. Ainsi, les Oranais éprouvent une double souffrance, celle qu'ils surgient lorsqu'ils pensent à l'être qui se trouve loin d'eux et celle qu'ils éprouvent lorsqu'ils essayent de se mettre dans la peau de l'autre. Les amants séparés ont également une double souffrance. Ils souffrent de la séparation, mais aussi des souvenirs qui leur restent, en se disant qu'ils auraient pu faire mieux.
Néanmoins, la plus grande des séparations est la mort puisque celle-ci est définitive est irréversible. On peut dire que la souffrance est inexplicable. Prenons par exemple Paneloux. Au début, il affirme que l'épidémie est un châtiment de Dieu pour un crime inconnu. Mais lorsuqe l'enfant Othon, un innocent, meurt, le père Paneloux ne trouve plus d'explication raisonnable au Mal dans le monde.
Finalement, la révolte peut également faire partie de la condition humaine. C'est elle qui permet à l'Homme d'affirmer sa dignité. Les hommes de La Peste, sauf Cottard, refusent d'accepter le sort que leur réserve la vie. Ainsi, Rieux est le premier à se révolter et Tarrou décide de créer les formations sanitaires volontaires. La révolte permet à ces hommes engagés de donner un sens à la vie. De cette manière, une solidarité, de l'amitié et de la fraternité naissent entre les habitants. Aussi bien les athées comme Tarrou, que les croyants comme Paneloux s'engagent dans la lutte. Cette lutte, qui doit toujours être recommencée peut être comparée à Sisyphe qui va sans cesse remonter une pierre le haut d'une pente et qui va toujours retomber.
En guise de conclusion, on peut retenir que la peste a changé la condition des personnages du roman. Au début, ils se cachent derrière leurs habitudes, puis ils trouvent un sens à leur vie par la révolte.
(cf. voir Un récit allégorique)
(cf. voir La Peste comme métaphore)